Le point H, zone tabou ?

Pour « introduire » ce sujet somme toute plutôt sensible, j’ai eu l’idée, aussi sotte que grenue, de vous raconter l’une de mes mésaventures survenue lors de mes courses olympiques alimentaires, histoire de « détendre » l’atmosphère.

Parking Super Marche Double genre

Un après midi d’été, alors que je quittais l’emplacement d’un parking de supermarché, les vitres de ma voiture grandes ouvertes, et que j’avançais, pour ce faire, le long capot de mon véhicule dans l’allée, un chauffard, heu un chauffeur qui remontait la dite allée à toute allure, surpris par ma manoeuvre, freina en urgence pour finir à quelques centimètres de ‘une des ailes de mon carrosse. Le gueux, les nerfs mis à vis par la perspective d’un accrochage violent, se mit à hurler l’une des deux seules phrases de son répertoire présumé :

  • « Va te faire enculer, connard ! ».

Ce à quoi je lui répondis du tac au tac :

  • « Certainement, mon cher, mais pas par toi, tu es trop vilain ! »

Et sa figure de s’empourprer, sa passagère de rire aux éclats, sa prestance de se ruiner, lui de dégager précipitamment du lieu et de filer à l’anglaise sous les rires et les quolibets des clients qui déambulaient sur le parking.

Point H Double Genre

1. ARTICLE

Tout le monde a entendu parler du point G féminin, moins du point H masculin. La faute aux hétéros qui pensent que le plaisir anal est forcément une pratique homosexuelle. Du coup, quand il s’agit de décrocher la lune, la médecine a bon dos.

Dans l’alphabet du Kama Sutra, il y a d’abord les femmes et leur point G. Cette zone qui serait située dans le vagin et qui provoquerait, depuis qu’une bonne âme masculine l’a nommée, autant de polémiques que d’ouvrages spécialisés… et éventuellement, quelques orgasmes.

Pour les hommes, même si on en parle moins, l’alphabet ne s’arrête pas à la lettre G. Car en ce qui les concerne, on évoque le point H. H comme homme ou H comme hot, on ne sait pas trop, toujours est-il que cette zone située près de la prostate est sensée faire grimper ces messieurs aux rideaux.

Bref flash back. Il y a quatre ans, quelques accessoires visant à stimuler le point H apparaissent sur le marché et atterrissent, entre autres, chez Alain Métrailler, propriétaire du sex-shop «7e ciel» à Lausanne. Lui qui travaille depuis des années dans divers milieux coquins ne devrait plus être étonné de rien. Il avoue cependant sa «surprise» en constatant que huit clients sur dix venus se procurer le précieux accessoire sont hétérosexuels.

Comment expliquer leur engouement pour un objet destiné à la pénétration anale? «Il faut croire qu’une lumière s’est allumée chez les hétéros!» glisse malicieusement Alain Métrailler. Quoi qu’il en soit et loin des «vagins en plastique et des poupées gonflables qui sont franchement un peu cracra», ces toys attirent une clientèle d’hommes âgés de trente à soixante ans, aussi à l’aise avec leur corps qu’avec leurs envies. «Une fois dans mon magasin, ils n’y vont pas par quatre chemins: c’est le stimulateur prostatique qu’ils veulent. Rien d’autre», souligne-t-il. Rien d’autre, surtout pas des godemichés et autre plugs – un accessoire destiné à rester dans l’anus – qu’ils assimilent à une pratique homosexuelle. «Et à l’inverse, aucun gay ne m’achète de stimulateurs de la prostate». Décidément, il y a des barrières infranchissables.

Virilité en question

Quel que soit le toy, le fait de s’adonner à des pratiques que l’on imagine réservées aux gays exige d’«être bien avec soi-même et sûr de sa virilité », précise Catherine Solano, sexologue. «Un homme qui se fait pénétrer à cet endroit par sa partenaire explore le côté féminin de sa personne. Cela demande une certaine confiance en soi.» Il faut aussi pouvoir différencier cette pratique d’une possible orientation homosexuelle. Brigitte Lahaie, ancienne star du porno français, qui anime une émission de radio traitant de sexe et d’amour, note qu’il est «grand temps que les hommes sachent qu’il y a mille façons de jouir». Mais pour Alain Métrailler, plus qu’une soudaine libération des moeurs, ce sont les changements dans le discours dominant qui permettent à certains hétérosexuels de franchir le pas. «On parle beaucoup des problèmes de prostate dans le milieu de la prévention médicale. Certains ont sûrement l’impression de faire quelque chose de bien pour leur santé lorsqu’ils s’en occupent. Et les toys s’appellent des stimulateurs de prostate et non des godemichés, ce qui fait croire qu’il ne s’agit pas vraiment de sodomie.» La sexologue Catherine Solano ajoute à ce propos que «si on disait aux femmes, qui n’aiment pas la sodomie, qu’il s’agit en fait de stimuler la partie postérieure du vagin, elles verraient peut-être cela d’un autre oeil!»

Chat Masseur Double Genre

Exemples pratiques

Pour sa part Dorothea Schaab n’a peur ni des mots, ni des actes. Car cette belle femme blonde aux yeux gris est masseuse tantrique, un métier qui incarne à ses yeux «l’art de considérer le corps comme un tout dans lequel tout est beau». Tout, «même la zone anale qui a si mauvaise réputation». Elle explique qu’elle a été formée à l’institut Dakini à Stuttgart et reçoit à Genève «des hommes qui veulent passer un moment hors du temps». Elle montre son cabinet, dans lequel elle a aménagé un endroit sensuel: matelas chauffant par terre, tableaux de nus aux murs et ce parfum d’alcôve qui détend immédiatement. «Les rapports sexuels ne font pas partie du service» précise-t-elle. La sensualité et l’érotisme, en revanche, ne sont pas négligés: comme son client, elle est nue la majeure partie de la séance, c’est-à-dire deux heures et demie en moyenne. «Il faut du temps pour que la personne que je masse découvre quelque chose d’elle-même, de son corps et de son âme»,dit Dorothea Schaab.

Rituel indispensable

Pour déconnecter de la vie quotidienne, de ses aléas et de ses stress, tout un rituel est ainsi mis en place: il permet de «créer un espace où on peut se laisser aller» précise la masseuse. Elle demande toujours à son client de prendre une douche, avant que tous deux enfilent des sarongs, des habits traditionnels thaïlandais, pour commencer la séance. Pendant une demi-heure, elle effleure, passe en revue, encore et encore, ce corps qu’elle détend, dont elle «connecte chaque partie». Puis tous deux se lèvent et la masseuse prononce une prière. «Je parle à mon client pour lui dire que son corps est le temple de son âme, qu’il est sacré et que rien n’est honteux» dit-elle. Rien, pas même la zone anale qu’elle masse et pénètre avec un gant, quand le client «est ok avec ça». Dorothea Schaab se dit consciente du fait que «c’est la partie féminine d’un individu qui s’exprime là; ce n’est pas facile pour tout le monde». D’ailleurs, ses clients sont des gens qui, dit-elle, «cherchent autre chose qu’un simple rapport sexuel; ils sont âgés pour la plupart de quarante à soixante ans et n’ont pas peur de découvrir des choses sur eux-mêmes.» Alors, pour elle, toute cette affaire de stimulation de la prostate ne révèle en définitive qu’une chose: «Nous vivons dans un monde où l’exploration individuelle de la sexualité est possible.

Cette quête ne devrait connaître aucun tabou.» Ce n’est pas gagné. Car la gêne ou le rejet qui entoure cette pratique révèle la manière dont les hommes, «les vrais», se représentent leur virilité. Et notre société libérale impose en réalité des normes strictes qui n’ont pas finit d’entraver la sexualité des uns et des autres.

Mini Bibliographie

  • «Réponses aux 101 questions les plus posées sur l’amour»,
    Brigitte Lahaie, éditions France Empire, mars 2011
  • La mécanique sexuelle des hommes»,
    Catherine Solano, éditions Robert Laffont, mars 2011.

Par : Aline Jaccottet | point-h-magali-girardin
Publié le : 15.08.2011
Titre original : « Le point H zone tabou. »
Commentaires : Par Lio de France / [DG]
Source : 360.ch/blog

2. Témoignages

Carl, 33 ans, masseur

«Je pense être un cas particulier: les plaisirs de la sodomie, je les ai découverts seul! J’ai commencé très tôt à me masturber et mes premières expériences sexuelles se sont faites avec un ami proche, lors d’un camp de scouts: nous nous étions caressés et embrassés. Entre-temps, j’ai connu des femmes puis j’ai eu mes premières relations gays à l’âge de vingt-deux ans. Pourtant je ne suis pas homosexuel: mon avenir, je ne l’imagine qu’avec une femme et il n’y a que d’elles dont je tombe amoureux. Et quand j’ai des rapports sexuels avec une partenaire, je n’ai pas un rôle soumis, je joue les deux.
Mon gros problème, c’est que j’ai une peine folle à rencontrer une femme qui accepte de jouer avec mes fesses: elles ont beaucoup d’a priori vis-à-vis des hétérosexuels qui aiment ça, je crois que ça ne colle tout simple ment pas avec l’image que la société tente de leur mettre dans le crâne. Alors, pendant un moment, je joue le jeu et je me satisfais de relations purement hétérosexuelles… jusqu’à ce que je n’en puisse plus, jusqu’à ce que cette envie d’être pris me submerge. Impossible, à ce moment, d’exprimer tranquillement ce que je ressens: ou je suis trop direct et elles partent en courant, ou je me bloque et je n’arrive plus rien à faire… ou alors je vais voir un homme, pour être satisfait. Mon parcours intérieur n’est pas simple. J’ai cru que j’étais gay. J’ai pensé à devenir une femme. Il m’a fallu des années pour comprendre que j’étais hétérosexuel, mais que je ne pouvais plus vivre ma sexualité sans cela. Seuls mes amis intimes savent que j’aime la sodomie. Le dire ailleurs, c’est impossible: la société est encore trop fermée.»

Vincent, 34 ans, employé de commerce

«J’ai laissé une femme faire ce genre de préliminaires il y a sept ans de cela. Elle a glissé son doigt là où il fallait sans que l’on en parle, comme si c’était quelque chose de naturel. Par la suite, nous en avons rediscuté: ni elle ni moi n’étions choqués par cette petite variation, elle y avait même trouvé du plaisir. Si ça se produisait même deux ou trois fois par semaine, ça ne me poserait aucun problème. Cette forme de sodomie, pour moi, c’est un peu la cerise sur le gâteau… à condition d’être propre et d’être dans un bon état d’esprit, sinon cela devient intrusif, voire désagréable. Il arrive que ma partenaire le fasse au mauvais moment, mais je ne dis rien: je ne veux pas la mettre mal à l’aise. Le sexe, pour moi, c’est un espace de liberté dans lequel tout doit être possible à condition d’être d’accord: j’encourage donc mes partenaires à prendre des initiatives et je suis favorable au libertinage comme à tout ce qui peut offrir du plaisir. Il m’est même arrivé d’utiliser un godemiché, pour voir quel effet cela fait. J’imagine que le fait d’avoir un frère gay, avec lequel je parle ouvertement de sexe, m’a rendu plus tolérant envers diverses pratiques. En revanche, je ne parle jamais de tout ça avec des potes: ce serait humiliant d’avouer que j’aime me faire prendre par ma copine. Si j’aborde la question, c’est pour en rire ou provoquer, jamais sérieusement. C’est sûr, cette zone est tabou pour les hétéros: la première fois que ça m’est arrivé, j’ai pensé immédiatement: je suis un homme, ce n’est pas à moi de me faire pénétrer! Mais le monde de la sexualité est très riche et quand on a une bonne entente de couple, cela vaut vraiment la peine d’essayer.»
Rien que pour vos prostates

Captaine Haddock Double genre

[« Le matos ad hoc » et non : « le matelot du cap’taine Haddock ».]

Duke de Fun Factory : il permet non seulement à la femme de jouer avec la prostate de son partenaire mais encore d’être pénétrée elle-même grâce à la deuxième extrémité du toy.

Naughty-Boy de Rocks-Off : comportant un mini vibromasseur facile d’usage, ce stimulateur est conçu pour pouvoir être utilisé sans les mains, et simuler à la fois la prostate et le périnée. Avis aux amateurs de plaisirs solitaires…

Neo de Nexus : ce sextoy, avec sa forme longue et galbée, stimule non seulement efficacement la prostate mais frotte également le périnée grâce à une bille en acier inoxydable située à son autre extrémité.

6 commentaires sur « Le point H, zone tabou ? »

    1. Excellent article qui prouve une fois de plus que la solution est en nous et non dans les produits chimiques, soit ce que m’avait dit un médecin indien et directeur de clinique qui avouait privilégier 1° la pharmacie, celle du du corps, puis en désespoir de cause la 2° pharmacie, celle de la nature (plantes, racines…) et vraiment, si la 1° et 2° ne fonctionnaient pas, la 3° pharmacie : la chimique.

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    1. Je déteste la pornographie sous toutes ses formes et je ne comprends pas pourquoi la bouche serait plus adorable qu’un mignon troufignon, ne serait-ce que parce que la Bible en Mathieu 15-11, dit : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme; mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui souille l’homme. (Darby Bible). Que j’ajoute à la Bible selon Lio 17-5 : « Ce n’est pas ce qui entre dans l’anus qui souille l’humain; mais ce qui sort de son anus, c’est ce qui souille l’humain. » anus dei qui tollit peccata mundi. 😉

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