Je suis femme

En révisant les pages de mon blog, j’ai trouvé ce commentaire très intéressant qui s’était perdu dans les méandres des fichiers informatiques. Le voici tel quel :

Amataï

Bonjour,
tout d’abord bravo et merci pour ce (très beau) site
et ses articles très intéressants:)

Pour ma part dans les lonnnnnngues années qui ont précédées ma transition, j’en suis arrivée à une autre façon de me définir : « Je suis femme » (et non pas « Je suis UNE femme » ou « je veux devenir une femme »).

Cette petite nuance paraît sans doute insignifiante à prime abord, mais en fait tout au contraire, pas du tout !

Je m’explique : en le disant ainsi, j’affirme mon identité, mon ressenti de femme en faisant fi du corps que j’ai.

Bien sur que je ne suis pas UNE femme, penser le contraire serait en effet une pensée délirante puisque je suis née avec un corps de garçon.

Pareillement, dire « je veux devenir une femme » sous entend également que dans l’état actuel, je ne suis ni une femme dans mon corps, ni même psychologiquement (pourquoi changer alors de sexe si c’est pour foncer la tête droit dans le mur d’une souffrance transidentaire inversée et le regretter après ?).

Vouloir devenir une femme est donc d’une certaine manière un fantasme qui nécessite tout autre chose qu’une transition immédiate mais sans doute un temps de réflexion supplémentaire en se posant les bonnes questions sur soi même.

Par contre le « je suis femme », affirme mon identité et mon ressenti féminin, me laissant libre de recourir ou non à une transition, à une chirurgie ou non, etc…
Je n’ai pas « la conviction d’être une femme » mais donc plutôt de me ressentir femme.

Pour ma part je suis allée au bout (hormonothérapie, chirurgie) et j’en suis très heureuse et enfin épanouie.

Si j’ai choisi la totale, c’est parce que mon identité intérieure était suffisamment forte est basée pour sentir cette nécessité de l’exprimer socialement à l’extérieur.

D’ailleurs je pense que la souffrance identitaire est le résultat d’une non expression sociale de soi (à travers le corps, le vestimentaire, etc…) de la même façon que n’importe qui puisse souffrir, si on l’empêche de s’exprimer (interdiction de parler, obligation de s’habiller comme il/elle ne lui convient pas, etc…).

Je pense que l’interdit social crée cette frustration et souffrance, qui grandit au fil des années jusqu’à en arriver jusqu’à un dégoût de son propre corps.

Alors, du coup, question : s’il m’avait été permise de vivre socialement qui j’étais au fond de moi (donc d’exprimer librement mon identité), serais je allée jusqu’à l’opération chirurgicale ?

Question ouverte, je n’en sais rien du tout !

Par : @ Chloé A.
Publié le : 21.04.2016
Commentaire : Lio de France / D.G.
Source : Commentaire reçu sur Double Genre.

2 commentaires sur « Je suis femme »

  1. Par femme cette personne veut dire « féminin ». Pourquoi pas car je comprends que dire qu’on est une femme est absurde quand on voit bien qu’on est un homme dans le corps et dans la société.

    Moi j’ai résolu ce problème autrement, en distinguant « avoir un genre » et « être femme » et ainsi expliquer pourquoi je ne suis pas femme, tout en laissant un espoir d’en devenir quasi une un jour :

    Pour ÊTRE femme, il faut absolument ces 4 points :

    1) avoir un genre femme : fonctionner psychiquement sur un mode féminin
    Reste à savoir ce que ça signifie. Selon moi, ça passe par qui on est dans le fantasme sexuel, car le fantasme exprime la pulsion sans filtre social. Selon mon psychiatre n°2, ça passe par fonctionner de l’extérieur vers l’intérieur (le n°1 pense que c’est des conneries et que le genre en lui même est une illusion).

    2) avoir un corps femelle : un corps sans bite et sous hormones femelle, un visage peu masculin et un look global qui ne fait plus masculin.
    Reste à savoir jusqu’où faut-il féminiser et si le fait de ne pas pouvoir changer certains organes ou gènes, empêche d’avoir un corps femelle.

    3) une vie sociale de femme : être acceptée pas les autres et traitée comme une femme normale, ce qui implique un passing parfait ou une société inclusive qui ne discrimine pas les trans.
    Du coup une personne qui ne passe pas est traitée comme un mec en robe ne remplit pas cette condition, elle a une vie sociale de mec dingue et non de femme.

    4) un passé de femme : avoir vécu des expériences en femme, corporelle et sociale depuis un minium de temps afin d’intégrer les codes sociaux et les contraintes de l’état femme.
    Avant on peut penser que c’est une sorte de vie de fille ado qui découvre ce qu’être femme signifie.

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